À lire : Tant que je serai noire par Maya Angelou

Tant que je serai noire par Maya Angelou

Catégorie : Autobiographie Éditeur : Les Allusif ISBN : 2922868753 Posté le par Liesel

Tant que je serai noire par Maya Angelou


En ces temps d’Obamania, et puisque n’est pas encore écrite l’histoire de Michelle Obama née Robinson (Barack lui a-t-il chanté « Michelle ma belle » ou « Mrs Robinson » dans le creux de l’oreille pour fêter leur victoire ?), voilà l’occasion de se plonger dans les mémoires de Maya Angelou, l’une des figures de proue des femmes noires américaines contemporaines.

Sa vie débute de manière assez morose, en Arkansas : mère célibataire à 17 ans, elle-même issue d’un foyer mono-parental, son frère très tôt échoué en prison à Sing Sing pour recel d’objets volés, Maya hérite pourtant de l’énergie cynique et drôle de sa propre mère qui lui donne pour devise, dans cette Amérique des années 60 : « Quand on est noir, on doit espérer que tout se passera pour le mieux. Alors, prépare-toi au pire et n’oublie jamais que tout peut arriver. » Maya sera serveuse, chanteuse, journaliste, écrivaine enfin.

Elle accueille Billie Holliday qui chante le soir pour endormir son fils, est délicieusement surprise par la visite impromptue de Martin Luther King dans son bureau, joute avec Malcolm X qui lui fait penser à « une arche rouge géante ouverte sur l’éternité » joue « les Nègres » de Genet devant un parterre new-yorkais estomaqué puis s’éprend de Vusumzi Make, un exilé sud-Africain en lutte contre le régime de l’apartheid. Archaïquement macho autant que séduisant, cet ami d’Oliver Tambo partage un temps la vie de la fougueuse Américaine.

Sur un ton hyper vitaminé emprunt aussi de la tristesse et de la colère profonde d’un peuple si longtemps opprimé dans son propre pays, Maya Angelou donne un intéressant aperçu d’un monde qui, on peut l’espérer depuis le 4 novembre dernier, n’a plus lieu d’être.

Un monde en cours d’effacement où Maya écrivait : « Et les Noirs ne peuvent changer puisque les Blancs refusent de changer» ou encore « Je ne trouvais pas les mots pour expliquer qu’il y avait une grande différence entre les Noirs américains et les Américains tout court. » C’était avant l’ère Obama. Maya, aujourd’hui, doit être contente et pleine d’espoir, comme feu Myriam Makéba qui a eu juste le temps d’apprécier la bonne nouvelle.