À lire : Virginia Woolf, Viviane Forrester

Virginia Woolf, Viviane Forrester

Catégorie : Biographie Éditeur : Albin Michel ISBN : 9782226189882 Posté le par Liesel

Virginia Woolf, Viviane Forrester


Il faudrait vraiment « une chambre à soi » pour récapituler les méandres amoureux de la famille Stephen, au sein de laquelle naît, en pleine période victorienne, cette femme remarquable des lettres anglaises. Amours incestueuses avec demi-frères nés du précédent mariage de sa mère, ambiance teintée de folie par la présence d’une demi-sœur handicapée mentale du côté de son père et sa jeunesse marquée par des morts précoces, Virginia n’aura de cesse de chercher une échappatoire à travers l’amour puis l’écriture. Elle croit rencontrer les deux en la personne de Leonard Woolf, son époux, son lecteur assidu et son éditeur aussi.

Mais, comme le détaille ici Viviane Forrester, c’est Leonard, qui déclare Virginia dangereuse, excitée, « folle » enfin, et refuse de lui donner des enfants. C’est lui encore qui lui propose le suicide en 1940 car juif et socialiste, il redoute la victoire des Nazis. Se dessine le portrait d’un homme « possessif, nerveux et despotique » pourtant maltraité à son tour par l’écrivaine qui ne cesse de stigmatiser sa judéité dans la haute société antisémite au sein de laquelle ils évoluent.

Outre le prix Femina dont Viviane Forrester est aujourd’hui l’un des membres du jury et qu’obtint Virginia Woolf en 1928 pour « la Promenade au phare », les destinées de l’écrivaine et de sa biographe se rejoignent à travers leur ardeur intellectuelle. “Et j’ai plongé dans le grand lac de la mélancolie. Seigneur ! comme il est profond !… Ma seule façon de surnager, c’est en travaillant. Dès que je m’arrête de travailler, je coule au plus profond. Avec toujours l’impression que si je sombre au plus profond encore, je trouverai la réponse.” Le 28 mars 1941, Virginia a-t-elle trouvé cette réponse au fond de la sombre rivière Ouse où elle est entrée, les poches lestées de lourds cailloux ? A-t-elle découvert la seule étreinte qui, croyait-elle, lui apporterait l’apaisement ? Il reste ce splendide portrait et l’œuvre de Virginia Woolf pour s’interroger encore...