À lire : À voir, Vents de sable, femmes de roc par Nathalie Borgers, au cinéma le 9 mars 2011

À voir, Vents de sable, femmes de roc par Nathalie Borgers, au cinéma le 9 mars 2011

Catégorie : Autre Éditeur : - ISBN : vents-de-sable Posté le par Liesel Voir la bande annonce

À voir, Vents de sable, femmes de roc par Nathalie Borgers, au cinéma le 9 mars 2011


Elles ont pour prénom Amina, Mariama et Domagali et protègent leurs silhouettes aiguës sous des voiles bariolés qui cachent leurs poignards et leurs bijoux. Leurs regards maquillés de sombre semblent toujours tendus vers un horizon lointain. Durant quatre mois et tout au long de 1 500 km, Nathalie Borgers a mis ses pas dans ceux de cette petite troupe de femmes touboues, un peuple de chameliers du Niger, lors du périple qui pousse ces nomades jusqu’à N’Guigmi, ville située à la frontière du Tchad et du Nigeria. C’est la caravane des dattes, le précieux fruit récolté dans la palmeraie dont les revenus ajoutés à celui de quelques chèvres permettra à chacune des participantes de vivre toute une année. Avec leurs enfants et leurs chameaux pour seule escorte, les voyageuses luttent contre les tempêtes de sable, montent et démontent leurs tentes de branchages, marchent la nuit pour échapper au soleil, enduisent de crème leurs corps desséchés lors des haltes autour de la théière qui chauffe sur le brasier. La réalisatrice réussit habilement à s’effacer, laissant toute leur place à ces aventurières intrépides et pugnaces et aussi au désert brûlant. Une plongée dans une radicale altérité, tant géographique que sociale et pourtant l’on rit avec les voyageuses quand elles trouvent une ressemblance entre Kadhafi et un acteur entr’aperçu lors d’une exceptionnelle séance de télévision à la ville, on s’effare et s’émeut de leurs confidences où les hommes apparaissent sous forme de pères et de maris violents, toujours plus ou moins geôliers. Un film dont les images restent en tête longtemps comme les voix volontaires et pleines d’espoir de ses héroïnes qu’on aimerait suivre encore... En écho, un extrait du poème du journaliste Jean Couvreur, “la Longue marche des foules” : “Elles marchaient depuis la première aube des âges/ Par le désert, les pistes, les bords de rivière, la forêt/Marchaient, couraient, volaient, s’accrochant aux nuages/Des millions, des milliers de millions de visages/Et il était bien certain qu’un jour elles s’arrêteraient/Des millions, des milliers de millions de mains dont chacune/Tenait le fil précis qui la guidait vers le rut, vers le nid/Et des milliers de millions de routes dont aucune/Ne se mêlait, en leurs entrelacs infinis.”